3. NOUS VOULONS UN MONDE PLUS JUSTE

Pour paraphraser Périclès, il n’est point de bonheur sans paix, de paix sans justice, de justice sans liberté, de liberté sans courage. Ainsi pourrait se résumer un point de vue de gauche diplomatique.

Nous devons relever les défis mondiaux du moment et jeter les bases du long terme. Mais il faut avoir en tête que si dans cette décennie décisive nous ne sommes pas à la hauteur des défis et des crises, nous sortirons du « top 10 » des Nations.

Ces défis ont trait, au-delà de l’écologie, aux inégalités, à la paix, au terrorisme, à la santé, à la « gouvernance » de la mondialisation, du nouveau capitalisme monopolistique sans Etat, à la démographie, aux migrations, à la santé, à la faim, à l’eau etc.

La gouvernance internationale est-elle à la hauteur ? Évidemment que non, et il convient que la France exerce son influence en ce domaine. Il y a nécessité de compléter l’ordre juridique international autour de plusieurs initiatives:

  • La définition de « biens communs » garantis par des organisations internationales aux missions mieux définies.

  • Les droits de l’Homme ? Comment ne pas susciter d’espoirs que l’on ne serait pas en état de défendre ?
    La première étape ne serait-elle pas la création d’un médiateur/ombudsman mondial ?

  • La santé ? Pourquoi l’OMS ne négocie-t-elle pas les vaccins au nom des États membres sur la base de financements communs : principe de subsidiarité, manque de compétences, de volonté, de moyens ?

  • Ou encore, la préservation de la planète et la lutte contre le réchauffement climatique, celle de l’espèce humaine, ou la gestion des pôles, de l’espace : qui peut penser qu’en ces domaines la jungle des Nations est efficace et fiable ?

L’intérêt de la France et le principe d’une mondialisation régulée militent pour des enceintes où la loi du plus fort est relativisée par le débat et la recherche de solutions.

Quant aux normes (techniques, sociales, environnementales), les taxes (douanières, environnementales) restent des instruments utiles pour maîtriser la mondialisation vers la préservation des biens communs et pour orienter les choix économiques.

Un monde plus juste est celui du juste échange. La voie de la démondialisation heureuse n’est ni juste ni praticable. Le souverainisme n’est pas la souveraineté, c’est se priver des moyens de l’exercer dans un monde ouvert et interconnecté.

Il faut au contraire promouvoir une mondialisation exigeante, sociale, écologique, pratiquant la réciprocité, le refus du pillage des matériaux rares nécessaires au déploiement de l’économie de l’immatériel, ainsi que la limitation des monopoles sans patries ni frontières.

Au moment où les États-Unis ont entamé une guerre commerciale contre la Chine et un cantonnement de l’Europe, nous devons promouvoir une voie qui ne soit ni celle des USA, ni celle de la Chine autour de la redéfinition du consensus de Washington et de la réforme nécessaire de l’OMC.

La France doit inventer « le consensus de Paris » propre au nouveau Monde qui tarde à venir.

Cela exige une Union Européenne solide pour réussir. Cette Europe doit être la puissance de l’innovation numérique, industrielle et technologique. Elle doit être ouverte mais pratiquer la réciprocité avec les autres blocs, et non l’abaissement de nos normes ouvrant nos marchés à des produits contestables sur le plan social, sanitaire, voire environnemental.

Promouvoir une préférence européenne (dans les marchés publics et plus largement dans échanges commerciaux intra-européens) suppose un contrôle des investissements stratégiques, la création d’une agence européenne de notation financière et extra-financière, l’harmonisation des modalités de taxation des multinationales et notamment des GAFA.

Mais la contrepartie à ce juste échange est la protection des entreprises françaises contre la prédation économique : par exemple, d’élargir le Conseil de défense économique aux présidents de régions et à des experts en intelligence économique; d’étendre la procédure de contrôle préalable des investissements étrangers à d’autres secteurs que la défense nationale; développer une offre de services à destination des PME/ETI pour les conseiller dans le cadre de rachat par des investisseurs étrangers (hors UE).